Jean-Baptiste BABOUOT et Nicolas GERDY

 

Sur les 4187 insurgés de la Commune de Paris condamnés à l’internement en Nouvelle-Calédonie, au moins 48 étaient originaires de la Haute-Marne .Mais parmi les 4032 dossiers qui ont pu être exploités par R.Pérennès, (3749 concernant les déportés et 283 se rapportant aux forçats) il semble qu’il n’y ait eu que deux natifs de Hortes: Jean-Baptiste BABOUOT et Nicolas GERDY.

1) BABOUOT (ou BABOUST) Jean-Baptiste

 Contrairement à ce qu’écrit R.Pérennès, Jean-Baptiste BABOUOT n’est pas né le 8 avril 1853, mais l’année précédente, le 8 avril 1852 à Hortes.Les témoins qui déclarent sa naissance, avec son père, sont Jean-Baptiste LAUJORROIS et Jean CHAPUSOT.

Il est donc le fils de Victor et d’Anne LESSERTEUR. Les parents de Jean-Baptiste ne restent pas longtemps à Hortes, ils n’aurons en tout cas pas d’autres enfants naissant sur la commune.

En effet, on retrouve Jean-Baptiste à Paris en 1871, où il est Garçon de marchand de vins.

“ Communard ”, il est condamné, en 1871, à la déportation simple par les tribunaux de Versailles. Matricule 26

Il fait parti du premier convoi pour la Nouvelle-Calédonie, sur le DANAË, le 5 mai 1872, dans la 2ème.section

Amnistié,il est rapatrié sur la LOIRE :

- Soit lors du premier voyage ( départ de Nouméa le 1er septembre 1877, arrivée à Brest le 25 juillet 1878.):

76 déportés dont un Arabe libéré, 75 commués en détention, 5 transportés dont trois libérés (2 Arabes et 1 Français)

- Soit lors du second ( départ de Nouméa le 30 novembre 1878, arrivée à Brest le 18 mars 1879 ):

71 déportés dont 1 gracié et 70 commués

- Soit lors du troisième ( départ de Nouméa le 1er novembre 1879, arrivée à Brest le 5 mars 1880 ):

295 déportés graciés ou commués, 19 femmes et 14 enfants de déportés

- Soit lors du quatrième ( départ de Nouméa le 19 février 1881, arrivée à Brest le 5 juin 1881 ):

7 déportés graciés

Ce sera le dernier transport de déportés ou de transportés partant pour la France

On perd sa trace ensuite...

2) GERDY ( ou GERDI) Nicolas

Il est le fils de Pierre Emile et d’Elisabeth THOMASSIN.

Pierre est un tailleur de pierres venu travailler dans les carrières de Hortes.

Nicolas est l’aîné des enfants de Pierre et Elisabeth; il est suivi le 12 février 1850 par une première fille, Marie Delphine, puis le 17 janvier 1852 par Elisabeth Eloïse.

La famille semble quitter le domicile de la rue du Champ Bize, aprés l’enfant mort-né du 3 septembre 1853, et aprés un court passage à Meudon (Hauts de Seine actuelles) en 1860, puis à Charenton Le Pont (Val de Marne), elle s’installe définitivement dans le 13ème Arrondissement de Paris.

En 1870, Nicolas est donc à Paris, au 11 Rue Vandrezanne, célibataire et talonnier. Au cours de la Commune , il est Délégué (Lieutenant-colonel ou Colonel) dans l’artillerie Fédérée, 13ème Batterie et il figure sur la liste des principaux membres de la section du 13ème de l’Association Internationale des Travailleurs.

Le 4ème. conseil de guerre le condamne, le 23 août 1873 à la déportation simple et il part pour le bagne avec le 8ème convoi d’abord sur “ La Sibylle ” puis sur “ L’Alceste ” (Brest 1er février 1874, Nouméa 9 août 1874), dans la 2ème section, sous le matricule 2671.

Le voyage du 8ème.convoi, sur les 20 convois de déportés vers la Nouvelle-Calédonie, fut l’un des plus mouvementé. Arrivée au large des côtes du Portugal une voie d’eau se déclare à bord de “ La Sibylle ”, vieille frégate à voile de 1847. Son commandant est obligé de faire relâche à Arzew en Algérie, où il débarque les déportés, pour rejoindre Toulon le 22 février 1874 afin de réparer .Les condamnés, enfermés au fort du Nord, adressent une supplique au maréchal de Mac-Mahon, président de la République, pour lui demander l’accomplissement de leur peine sur le sol algérien. Bien entendu aucune suite ne fut donnée. Le 9 avril 1874, “ L’Alceste ”, arrivé de Toulon le 28 mars, charge les déportés pour le reste du voyage; ils arriveront à Nouméa le 9 août après 122 jours de traversée.

Amnistié, il est rapatrié en France par “ Le Navarin ” (lors d’un des 3 premiers voyages de rapatriement fait par ce bateau; en 1877, 1878 ou 1879), et rejoint sa famille à Paris.

De là, sa vie reprend un cours normal. Il épouse le 15 février 1880 à Paris, Emilie Adèle BESNARD, fille de Maurice et Marguerite CIRAY, il est domicilié chez ses parents au 9 Rue du Moulin des Prés, dans le 13ème.

En 1883, il est placier, domicilié au 38 Rue du moulinet.

Trois enfants naissent de cette union, Eugènie le 25 novembre 1883 , Emile en1885 qui ne vivra que 3 mois et Léonie qui vient au monde le 12 août 1887 à Courcelles les Gisors dans l’Oise, où Nicolas est contremaître de Fabrique et habite au hameau de Inval.

En 1910, au mariage de cette derniére avec Paul MORNAS, la famille est domiciliée au 28 Rue Brillat-Savarin, toujours dans le 13ème.

Malheureusement, il ne verra pas le mariage d’Eugénie le 20 novembre 1920 avec Léon COMBEAUDON, car il décède le 31 mai 1916, à l’âge de 69 ans, laissant Emilie domiciliée au 55 Rue de la Fontaine à Mulard.

 

A propos de la guerre Franco-prussienne de 1870, il est assez étonnant de noter que Hortes passa au travers des divers réquisitions et contributions imposées par l'armée d'occupation prussienne, fait d'autant plus étonnant que Hortes, d'après le recensement de population de 1866, était peuplé de  1308 habitants, donc le village le plus important du canton de Varennes sur Amance de l'époque. Et on peut noter que le canton fut taxé, spolié ou subit des dommages pour plus de 82220 Frs (de 1873) pour la période allant d' août 1870 à novembre 1872.

  Ce qui ne veut pas dire que les Hortois restèrent en dehors de toute l'agitation de l'époque; le bataillon des mobiles de Hortes s'illustra à plusieurs reprises dans des escarmouches de retardement contre l'armée prussienne qui essayait d'étendre sa zone d'occupation, en septembre et octobre 1870.

 

Sources.

- Déportés et forçats de la Commune, de Belleville à Nouméa de Roger PERENNES- Ouest Editions-Université Inter-Ages de Nantes-Nantes 1991

- Dictionnaire Biographique du Mouvement Ouvrier Français, M.EGROT et J.MAITRON, Editions Ouvrières, 1969. (Références particulières à Nicolas GERDY: Tome 6, Page 172, Archives Nationales: BB 24.823 et H.Colonies 82, Archives de la Préfecture de Police: Listes des Amnistiés et Listes des contumaces.

- L'invasion de 1870-71 dans la Haute-Marne de H.CAVANIOL Edition de 1873 rééditée en 1989

 - Etat-Civil de Haute-Amance, Mairie de Hortes (1998)

- Les grands dossiers de « L’Illustration »: La Commune, Edition le livre de Paris 1987. Reproduction d’articles de journaux.

 - Recherches généalogiques sur Paris et sa région (Départements 60,92,94) par l’auteur (1998)